Ce n’est pas possible, j’ai déjà un quart d’heure de retard et je ne suis pas encore arrivée. Moi qui croyais avoir fixé le rendez-vous à mi-chemin…. Ah je vais bien pour une prof d’Histoire et Géo. Pourvu qu’il prenne patience. Je suis une fontaine ardente. Ca m’excite au plus haut point et j’ai déjà trempé mon string…
Ouf ! Le parking de la gare ; il est là, il jette sa cigarette ; je le reconnais tout de suite et pourtant j’oublie régulièrement ses traits. J’arrête la voiture, en plein virage, il vient vers moi et je baisse la vitre ;
Voulez-vous que nous allions faire un tour en ville ? Manger ensemble ?
Je fais non avec la tête, j’attends.
Vous accepteriez de partager une chambre d’hôtel avec moi ?
Comme la tournure est touchante, je ne m’offusque plus de son vouvoiement ; maintenant cela m’amuse.
Il marque la distance entre nous et me ramène à une réalité pas désagréable ; il me ramène à des jours, des mois, des années en arrière. « Je peux vous dire quelque chose ? Vous me plaisez… beaucoup. »
Je veux répondre  » oui, c’est ce que je veux  » mais j’ai la gorge tellement nouée que je ne sais pas s’il l’entend ou si seul un souffle rauque en sort.
J’acquiesce alors de la tête et je le suis, direction l’hôtel Ibis. Je pensais bien que c’est là que nous irions.
(Idiot, bien-sûr que c’est là que je veux aller, à l’hôtel avec toi et m’envoyer en l’air.)
Comme il est timide, dans le couloir, ma main frôle la sienne, je lui attrape deux doigts.
Cette couleur verte au mur est blafarde, elle me donne une sensation d’irréel, feutré, comme si nous étions seuls au monde.
Au fur et à mesure, la lumière s’éclaire automatiquement devant nous et s’éteint derrière. J’ai l’impression d’être Josette Day et je me joue la Belle et la Bête de Jean Cocteau. Ne manque que la musique. Premier travelling du cinéma. La caméra placée sur un plateau roulant, mais non c’est moi qui ne touche plus le sol.
117, nous y sommes.
Je suis très contractée, non pas de lumière, juste l’entrebâillement du rideau.
J’enlève mon manteau, lui son blouson de cuir.
Et tout bascule, je ne sais même pas comment il était habillé, je n’ai plus ce type de souvenir.
Il m’étreint et m’embrasse longuement, laisse errer ses mains, me pétrit. Je suis déconcertée par son odeur, forte, mélange de tabac brun et d’émotions.
Ma main trouve son sexe, petit mais dur comme un caillou ; c’est la deuxième fois que je le sens mais cette fois, ce n’est plus à travers ma robe, il est dans ma main comme un oiseau palpitant.
Il dégrafe mon soutien-gorge – pour un timide, il n’est pas si timide que ça – et fait connaissance avec mes seins, glisse sa tête sous ma jupe, à genoux,  » maudits collants « , je lui caresse la nuque, toute décontenancée.
Ses doigts s’aventurent, pénètrent ma fente à travers le tissu. Sa bouche se colle.
Stop ! Arrêt sur image.
Je tangue, dépoitraillée avec cet homme à mes pieds, la tête et les doigts contre mon sexe.
S’il y a une prochaine fois, je mettrais des Dim-up ! !
Je n’en peux plus, le plaisir est venu tout seul ; je découvre le lit et j’ordonne :  » déshabille-toi  » ; je me fantasme un :  » oui maîtresse  » ; qui sait il y a peut-être un peu de ça.
J’ai fait glisser jupe et collants, gardant ma culotte ; qui a enlevée, lui, moi ?
« Je te veux « , c’est moi qui le dis. Mais que fais-tu pour nous préserver……… Je ne peux finir ma phrase, il sort comme par magie un paquet pharmacie.
– Maintenant il s’affale sur moi et me pénètre. Comment peut-il être si dur, un vrai caillou. Le lendemain j’aurais du mal à rester assise et toi tu diras : qu’est ce que tu as, tu es bien jolie aujourd’hui.
Quelques coups de reins et il me dit :  » je craque « . Sur le coup je ne comprends pas le sens de cette expression. D’autant que, toujours réservé, il fait ça en silence.
Je ne m’offusque pas de ce début si peu prometteur. N’ai je pas joui moi-même, en silence, debout ?
Il revient vite après avoir jeté le préservatif. Bruits de chasse d’eau. Et nous reprenons illico les caresses, les baisers, le frotti-frotta.
Il s’excuse presque : je ne suis pas bavard. (Non, mais tu sais parler avec les mains)
Il répond : – un vrai méditerranéen –
C’est ainsi qu’il restera dans ma tête, avec ses cheveux noirs corbeau ; le méditerranéen aux mains agiles.
– Guides-moi, fais ce que tu aimes !
Je le chevauche, fais à mon rythme, à mon goût, je veux lui donner l’occasion de jouer avec mes seins, de m’en faire jouir.
Plutôt banal, pas très habile, sa bouche effleure à peine. Doit progresser, peut mieux faire. Je me demandais, vu la différence d’âge ce qui l’avait attiré et depuis si longtemps.
Trop discret, je ne le saurais jamais.
Qu’importe, je prends mon plaisir et il me suit.
J’ai les joues en feu et le sexe brûlant, nous restons enlacés sur le lit dégageant une telle chaleur que même un drap serait de trop. Je ne dis rien, mais je réclame la pause. Nous papotons, faisons plus connaissance. Il se livre un peu, m’explique combien il s’investit dans son travail, me parle de son goût pour la solitude, de sa famille. C’est bien imprévu cela et se présente comme l’enfant inattendu venu bien tard.
Se cherche t’il en moi une autre maman ? Exprime t’il son Œdipe ?
En voilà un autre qui s’exprime plus bas.
Je craque mais autrement, je veux dire par-là que je ne tiens plus le rythme.
Ma tête descend, ma bouche l’aspire, mais je suis folle de montrer autant d’audace.
Et zut, ne rien penser. J’ai dit : je m’offre un cadeau pour mon anniversaire, je ne vais pas lésiner.
Je ne me souviens pas du goût de son sexe, pointu, du bout, mais toujours aussi  » pierreux « .
Il ne dit rien, ne manifeste rien ; ni étonnement, ni plaisir supplémentaire.
(Pourtant tu dis que je suis habile à ce petit jeu là.
Re capote. Il me reprend ; je n’en peux plus, je n’ai plus l’âge, bientôt trois heures que je suis là.
Je laisse faire par complaisance, il le sent. Par contre, ses nouvelles capotes sont formidables, on ne se rend compte de rien. Pourtant, quelque part dans ma tête, ça me gêne, ne pas rester sur cette impression mitigée parce que je suis déjà gorgée. Je lui propose d’enlever la capote et de jouir entre mes seins, ce qu’il fait aussitôt après quelques mouvements du poignet.
Il est insatiable, ou alors il n’a plus baisé depuis une éternité.
Je vais prendre une douche, je sens son envie de fumer ; deux paquets par jour dit-il. Allez, je te laisse, trompe-moi quelques instants avec Miss Nicotine.
Je reviens dans ma chemise courte rayée ; j’ai un peu honte de mon corps et de mon âge. Nous ne l’avons pas évoqué, mais il sait sans doute, je n’ai rien caché. Même pas mon grand fils de 27 ans.
Adossé au lit, il a un sourire béat. C’est un des souvenirs que j’emporterai de cette soirée, lui qui sourit si peu…..
Tu as passé une bonne soirée ? Oh oui ! Soupir.
Je le crois.
Il me reprend contre lui pour un long câlin très tendre.
On reste là, un bon moment silencieux. Bien.
A son tour il se douche et me dit qu’il est l’heure.
Pas d’imprudence sur la route. Je te raccompagne à la bretelle…; mais non, inutile, il fait comme s’il n’entendait rien. Gentil et têtu.
Quelle tête j’ai, et même pas un peigne.
Retraverser le hall de l’hôtel sous le regard de l’employé. Mes talons claquent, je suis fière de moi ; cette fois ci il me tient par l’épaule.
J’avais dit : disons-nous au revoir dans la chambre.
Il rend la clé. A chacun sa voiture. Nous roulons.
Je suis bien, il se range sur l’esplanade, je m’arrête, il me serre dans ses bras, fugace mais immédiat, nos corps se retrouvent une dernière fois.
Je repars, trois petits coups sur la pédale de frein en guise d’au revoir…. trois coups là aussi et je me dis : Bon anniversaire ma chérie, rien ne pouvait te faire plus de plaisir pour fêter tes cinquante ans.

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